Après toutes ces péripéties du mois de Juillet/Août, un rapide coup d’œil sur nos comptes nous a suffit pour se dire que l’on était dans un gros rouge. En gros, “Jim et Helia ayant profité tout l’été, se trouvèrent fort dépourvus quand l’automne fût venu”. Nous avons donc décidé de ramasser des pommes pendant deux semaines, histoire de renflouer les caisses pour la traversée retour.
Voici un petit résumé de cet épisode mythique!
Le lendemain de notre arrivée debout 7 heures du mat’ pour aller travailler au verger. Là Marc nous attend et nous présente François un bon gars du coin qui travaille dans des vergers depuis plus de trente ans, au langage incompréhensible (et expressions). Programme du jour Helia va faire des nœuds nœuds sur des bouteilles de sirop d’érable pour les faire toutes jolies et Jimmy ramasser des pommes.
La journée se passe nickel, le travail consiste à prendre une poche (=sac) ou une chaudière (=seau), pogner (=prendre) des pommes (avec une technique secrète qui rend jaloux les moines shaolin). Allez, je vous la dévoile:
- Mettre les pommes dans la poche
- Vider la poche dans un gros benne (=caisse)
Et ainsi de suite toute la journée. La poche pleine fait 20 kgs et je ramassais entre 1600 à 2000 kgs de pommes par jour… Je peux vous dire que ça en fait. A la fin de la première journée la poche est vraiment lourde. Mais de jour en jour elle devient de plus en plus légère.
Ce job c’est un peu comme faire du sport intensif, en plein air mais pendant 9 heures par jour. Autant vous dire que Jimmy pète la pleine forme à la fin de ces deux semaines.
Pendant ce temps, Helia alterne les cueillettes, (mais comme ce n’est quand même qu’une “faible femme”, faut pas trop la fatiguer), la confection de tartes et de gâteaux vendus eux aussi au marché, la fabrique de jus de pommes, la mise en cannette de sirop d’érable et l’étiquetage de ces mêmes canettes. Autant dire que les pommes, elle les connaît sous toutes les coutures et que le sirop d’érable n’a plus de secret pour elle!
Quand il pleuvait, il fallait s’occuper de tous les à-côtés du verger. C’est à dire réparer des bennes, faire de l’arrosage, réparer des bicycles (=quads), tracteurs, … et tout un tas d’autres activités. On a appris un millier de trucs et astuces. On est bien content.
Mais le mieux dans cette aventure c’est les gens avec qui on a travaillé. Premièrement Marc, 57 ans, genre 2 mètres de haut qui fait pas rire (jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche), un peu bipolaire, d’une gentillesse infinie et tellement drôle et plein de vie. Certains jours, il venait ramasser les pommes dans le verger, mais il s’occupe beaucoup de la vente au Marché Jean Talon à Montréal. Puis il y a François, un très très bon gars de 53 ans qui n’est jamais sorti de Saint Joseph du Lac, possédant comme atout un très fort accent Québecois et avec une foule de questions sur la France et les français, ce pays étrange où l’on mange des œufs crus sur nos pâtes carbo, info dont il ne s’est toujours pas remis.
Ci-dessous quelques mots cultes rencontrés quotidiennement ces deux semaines :
- Ostie, Tabernacle (prononcé tabernaque), Calice -> Jurons correspondant ) putain fait chier
- Patante -> le machin
- Weedeater (prononcé wii-di-t’heure) -> débroussailleuse
- Bicycle -> quad
- Bicycle à pédales -> vélo
- Tu veux tu prendre le brique? -> Aimerais-tu faire une pause?
- Tire (prononcé t’aïe-heure) -> pneu (provenant de l’anglais)
- Jigger (prononcé dji-g’heure) ->
- Trailer -> remorque
- Scie-mécanique -> tronçonneuse
- …
Du coup au début quand il disait “Tabernacle de Calice va me dépinner la ratative et me chercher la “patante bleue” avec le weedeater et le jigger que tu mettras dans le trailer derrière le bicycle avec la scie mécanique”… Euh, bah c’était pas facile.
Mais qu’est ce qu’on a rit. Une bonne tranche de vie, avec apéros, rires, apprentissage (conduire les tracteurs, les fenwick, ramasser les pommes, sirop d’érable, jus de pomme, beurre d’érable, …), avec des gens formidables!