Mardi 16 / Mercredi 17 Juillet
Kilomètres : 2030. Temps : 31h50
Cette fois, fini de lambiner, il est grand temps de tracer vers l’Est! Et aussi d’attaquer le gros morceau de notre traversée : les Prairies! Le fameux no man’s land du Canada, réputé pour 1) sa platitude 2) son manque d’intérêt. Histoire de vous mettre en situation, on vous fait partager la blague courante sur la région : “Si son chien s’enfuit, le fermier le voit partir pendant 3 jours”. Allons-y gaiement! Petit point géographie, nous nous apprêtons à traverser deux provinces du Canada, le Saskatchewan (si si, essayez de le prononcer à voix haute) et le Manitoba, par l’autoroute 16.
Nous voilà donc à foncer avec notre bolide (qui ne dépasse pas franchement les 90 km/h) à travers champs sur des routes droites. Très droites. Parfois désespérément droites; c’est simple, on voit à peu près la route qu’il nous reste à faire pour la prochaine heure en regardant devant nous. Autant dire que le trafic n’est pas énorme, la conduite est plutôt relax et qu’il est même par moments assez dur de ne pas s’endormir pendant la digestion d’après pause de midi! La seule chose à laquelle il faut vraiment faire attention, c’est le niveau d’essence; les stations ne se trouvent pas tous les 100 mètres…
On ne croise pas beaucoup de traces de civilisation, hormis des greniers à grains et des granges. Il y a pourtant quelques bleds sur la route, et on se demande quand même bien quelle raison les a fait pousser ici. On s’arrête pour reposer le van (et lui éviter la surchauffe, le pauvre) dans la charmante bourgade de Guernsey, qui est tout à fait paisible mais nous laisse quand même une légère impression de ville fantôme…
Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraitre, on trouve çà super chouette!
D’abord, çà nous laisse plein de temps pour profiter de notre van, de discuter à foison, de rester tranquilles, d’envisager un million de possibilités pour nos prochaines étapes, de tester toutes les potentialités de notre poste radio et de nos enceintes (Vincent, nous t’aimons!) et d’explorer des recoins oubliés de nos Ipod. Ensuite, pour nous, petits français habitués à être coincés entre nos montagnes (mais nous y sommes bien, attention!), c’est une sensation complètement folle et nouvelle d’être confrontés à autant d’espace et d’immensité. On se sent à la fois tout perdu et tout libre.
Surtout, malgré tout ce qu’on a pu entendre, c’est beau! La route longe des champs et des champs de canola, petite fleur jaune qui sert à faire de l’huile, qui sont en pleine floraison. Du jaune, du jaune et du jaune pétant à perte de vue, selon la luminosité, c’est superbe!
Autre détail auquel nous n’avions jamais pensé : avec tout ce plat, on peut observer tout le ciel, et c’est assez imposant. Il évolue tout le temps et par moment, c’est un vrai spectacle. De voir tous les nuages se mouvoir dans un si grand espace, c’est impressionnant et nous offre des images inédites. A partir de 6 ou 7 heures le soir, avec le jour qui décline, la luminosité est superbe, on ne s’en lasse pas. En prime, on a droit à des couchers de soleil magnifiques.
En résumé, en essayant de ne pas tomber dans le cliché, on est en plein dans le road trip et çà a vraiment quelque chose de grisant de se sentir libres et de découvrir l’immensité du Canada, à côté de laquelle on se sent tout petit!